mardi 22 octobre 2013

R2 Julie Simon (Yvette Chua)

Yvette Marie E. Chua                                              French 300                                          Nathalie Burle


Dés que j’ai discerné le déclic de la serrure, mes épaules poussent contre la porte cochère, l’ouvrant bruyamment. Cette ancienne porte verte en fer forgé s’ouvre sur un petit vestibule pavé où la boîte aux lettres métallique est située. Un peu plus loin du vestibule, au cœur de l’immeuble, je traverse la cour découverte, entourée de murs blancs. Quand on lève ses yeux, on remarque tous les étages de cet ancien immeuble : les cinq rangées de fenêtres avec des volets en bois ouverts, les balcons en fer au coin des premières et deuxièmes étages, et les petits chambres de bonnes au sommet de l’immeuble. Normalement, cette cour pittoresque est peuplée de locataires qui aiment se promener parmi les pots de fleurs fraîches. Mais aujourd’hui, seulement le miaulement doux d’un chat gris m’accueille chaleureusement. À l’arrière-plan, j’observe Mme Dubois arroser les fleurs tendrement tout en chantant faux. Je vais tout droit vers l’intérieur de l’immeuble où on trouve l’escalier rouge en colimaçon qui me donne des cauchemars. Après avoir monté cet escalier interminable chaque jour, je me sens comme Raiponce sur son chemin à son tour de morosité.
Tout seule, j’habite dans un petit appartement au cinquième étage. Ma porte rouge en bois donne l’air d’un espace vibrant, mais en réalité c’est le contraire ; mon appartement est aussi banal que le cours de M. Martin. La porte s’ouvre sur un couloir étroit où les murs en bois sont peints en blanc, mais maintenant, ils sont transformés en un gris moulé dégoûtant à cause de la vieillesse. Au moment où j'entre dans mon appartement, l’odeur de moisi qui émane des murs délabrés obstrue mes narines. J'accroche mon manteau rouge laine sur le portemanteau gothique près de la porte. Des toiles d'araignée pendent du plafond, effleurant le sommet de ma tête. À chaque pas, le grincement du vieux parquet provoque le battement rapide de mon cœur. De plus, l'absence de fenêtres n'aide pas l'ambiance morose ; en fait, une seule fenêtre avec les rideaux en dentelle illumine la kitchenette et le salon en face d’elle.
Contrairement à la charpente négligée de mon appartement, le coin dans lequel la kitchenette et le salon se fourrent est tellement ordonné : une fourchette, une cuillère, une assiette, et une tasse sont alignés soigneusement comme des petits soldats dans une rangée sur le plan de travail impeccable. À coté de lui, un réfrigérateur vide et une petite gazinière attendent d’être utilisés. Parce que la causeuse touffue se repose en face d'eux au lieu d'une table, la kitchenette devient le salon en quelques pas. La petitesse de ce coin ne me dérange pas, mais c’est plutôt sa propreté; le fouillis réconfortant que la cuisine chaleureuse de ma mère avait émis me manque toujours. Sans une famille ou des amis avec qui je peux partager un repas à la table ou une conversation au salon, je passe rapidement devant ce coin comme d’habitude. Je me tourne vers la porte-fenêtre verte à droite de la causeuse qui s’ouvre à mon endroit préféré dans cet appartement, ma chambre.

Je m'effondre dans mon lit moelleux qui me rebondit comme une plume. Enveloppée dans du couvre-lit matelassé, je regarde tranquillement le coucher du soleil scintillant à travers la fenêtre blanche en face de mon lit. Pendant un moment, ma chambre est ensoleillée ; un à un, la lumière du soleil caresse les photos et les dessins qui orne mes murs. Le soleil se couche dans un ciel orange, presque la même couleur que mon lit, et il semble que ma chambre et le ciel se confondent en une couleur profonde. Mais en quelques minutes, ma chambre est plongée dans la pénombre encore une fois. D’une certaine façon, même si je n’aime pas l’admettre, cet appartement me représente ; coloré à la surface, mais tout vide en réalité. 

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